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Photo du rédacteurElie Guidi

"L'affaire Carlos Ghosn" fragilise l'Alliance Renault-Nissan

Soupçonné au Japon de malversations financières, Carlos Ghosn a été démis de ses fonctions de président non exécutif de Nissan. Les gouvernements japonais et français réagissent promptement sur cette affaire.


Le conseil d’administration du constructeur japonais, convoqué jeudi 22 novembre pour une séance extraordinaire, s’est prononcé à l’unanimité pour sanctionner le dirigeant de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.


Carlos Ghosn a été arrêté à l’aéroport de Tokyo-Haneda le lundi 19 novembre pour malversation financières. Selon Asahi-Shinbun, le patron de l’alliance aurait demandé par courriel à Greg Kelly (directeur du développement des dirigeants de l’Alliance Renault-Nissan) de falsifier ses déclarations de revenus. Le parquet de Tokyo a probablement saisi ses e-mails et pourrait les utiliser comme preuves, ajoute le journal. Yomiuri Shinbun rapporte quant à lui que l’enquête interne menée par Nissan a révélé que M. Ghosn demandait, depuis 2002, qu’environ 100 000 dollars soit versée chaque année à sa sœur aînée, en rémunération d’une « activité de conseil » fictive. Il aurait utilisé les avoirs de l’entreprise à des fins privées et détourné des investissements du groupe, afin d’acquérir des logements au Brésil, aux Pays-Bas, en France et au Liban. Lors de la conférence de presse donnée après l’arrestation de Carlos Ghosn, Hiroto Saikawa, directeur général de Nissan, a prôné une refonte de la gouvernance de l’entreprise, déplorant notamment « une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains d’une seule personne ».


Mais les enjeux de cette affaire dépassent largement le rapport à l’argent que M. Ghosn pouvait entretenir. L’Alliance Renault-Nissan, qu’on croyait consolidée après vingt années de coopération industrielle et de succès commerciaux qui en ont fait le numéro un mondial, n’a jamais paru aussi fragilisée qu’aujourd’hui.


Les gouvernements français et japonais ont réagi à la suite de la révélation de cette affaire. Le jeudi 22 novembre à Paris, le ministre japonais de l’Économie et de l’Industrie, Hiroshige Seko, et le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, ont convenu que les autorités française et japonaise « soutiendraient fermement la volonté de l’Alliance Renault-Nissan à maintenir des relations de coopérations ».

Bien que cela semble destiné à calmer la confusion entraînée par l’arrestation de M. Ghosn, les spéculations diffèrent entre Tokyo et Paris. Après leur entretien, Hiroshige Seko a déclaré aux journalistes : « Il est important que les relations de coopérations soient acceptées par les parties concernées ». Le gouvernement français souhaite influer sur Nissan par le biais de sa participation dans Renault, alors que le gouvernement japonais soutient Nissan pour résoudre l’équilibre des pouvoirs au sein d’un attelage dominé par les Japonais sur le plan économique, mais pilotée par les Français sur le plan politique.

Un haut fonctionnaire japonais a déclaré à TV Nippon avoir eu des inquiétudes en 2015 lorsque Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie et des Finances, avait souhaité la fusion de Nissan et Renault. M. Ghosn avait jusque maintenant « bloqué » l’intervention de Paris dans l’administration de Nissan, mais son maintien au poste de PDG de Renault, offrant une position avantageuse au constructeur français dans l'éventualité d'une fusion exigée par le gouvernement français, aurait déclenché une certaine appréhension chez Nissan. Sankei Shinbun souligne ainsi que Renault, auparavant une entreprise publique, reste toujours sous une forte influence de l’État français, et que lors du transfert de la production de véhicules Nissan vers des usines Renault, l’intention de la France était évidemment de donner priorité à l’emploi.


Concernant la succession de Carlos Ghosn chez Nissan, M. Saikawa était pressenti pour prendre la présidence par intérim du conseil d’administration, mais finalement aucun remplaçant n’a été nommé. Il sera désigné ultérieurement par un comité incluant notamment les trois administrateurs externes. Mitsubishi, également présidé par M. Ghosn, devrait prendre une décision similaire lors d’une réunion de son conseil d’administration, prévue pour la semaine prochaine. « M. Ghosn, temporairement empêché, demeure président-directeur général », a déclaré le conseil d’administration de Renault.




Sources : Bloomberg, Sankei Shinbun, Le Monde, Yomiuri Shinbun, Asahi Shinbun, FNN, TIME, Reuters

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