Les secrétaires américains d’État et à la Défense étaient de passage au Japon pour un comité consultatif de sécurité, le 16 mars dernier, avec leurs homologues japonais. Un message fort de la part de Washington, afin de consolider son alliance avec Tokyo et mettre Pékin en garde contre « la coercition et l’agression. »
Ce n’est pas un hasard si les États-Unis ont choisi le Japon comme destination de la première visite de ses secrétaires d’État et à la Défense, Antony Blinken et Lloyd Austin. Les ministres japonais des Affaires étrangères et de la Défense, Motegi Toshimitsu et Kishi Nobuo, ont accueilli leurs homologues américains à Tokyo, entre le 15 et le 17 mars derniers. Tous les quatre ont participé à un comité consultatif de sécurité, organisé le 16 mars pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. Une manière pour les États-Unis d’affirmer leur attachement au Japon, alors que l’Archipel ne cache pas ses inquiétudes face à la montée en puissance de son voisin chinois.
Leur visite à Tokyo fait suite au sommet des dirigeants du Dialogue de Sécurité Quadrilatérale (Quad), composé des États-Unis, du Japon, de l’Australie et de l’Inde, et organisé en ligne le 12 mars dernier. Les vastes revendications territoriales de Pékin dans les mers de Chine orientale et méridionale constituent aujourd’hui un problème de sécurité important pour les alliées de Washington en Asie-Pacifique.
« Nous sommes avec le Japon »
Lors de leur entretien le 16 mars, les ministres japonais et américains ont nommément critiqué la Chine, réitérant leur opposition aux revendications maritimes « illégales » de Pékin dans la mer de Chine méridionale. « Nous repousserons, si nécessaire, lorsque la Chine recourra à la coercition et à l’agression pour arriver à ses fins », a déclaré Antony Blinken.
Les quatre haut-responsables ont également exprimé « de sérieuses inquiétudes » concernant une loi chinoise qui est récemment entrée en vigueur. Celle-ci permet aux navires de la garde côtière chinoise de tirer sur des navires autour des îles Senkaku, sous l’administration japonaise mais revendiquées par Pékin, dans la mer de Chine orientale. Dans cette lignée, les secrétaires américains ont réaffirmé « l’engagement indéfectible » de Washington à défendre le Japon dans son différend avec la Chine. « Nous sommes avec le Japon », a martelé Antony Blinken le lendemain, lors d’une conférence de presse en ligne.
Les ministres japonais, n’ont pas caché leur soulagement. Le chef de la diplomatie nippone, Motegi Toshimitsu, a salué « l’engagement de l’administration Biden dans l’alliance nippo-américaine et la région [Indo-pacifique] », rapporte le quotidien Sankei Shinbun. « Dans un contexte où l’environnement sécuritaire devient de plus en plus sévère, nous devons consolider davantage notre alliance », a réagi le ministre japonais de la Défense, Kishi Nobuo.
Les secrétaires américains ont terminé leur séjour au Japon par une visite au Premier ministre japonais Suga Yoshihide. Ce dernier se rendra à la Maison Blanche début avril en tant que premier dirigeant étranger à rencontrer le président américain Joe Biden.
Un traitement préférentiel cependant conditionnel
En guise d’un traitement préférentiel du Japon, les États-Unis attendraient de Tokyo davantage d’engagements sur le plan diplomatique et sécuritaire, analyse l’agence de presse nippone Jiji.com. Contrairement à son prédécesseur, Joe Biden n’a pas exigé une augmentation significative du fardeau des dépenses de stationnement militaire américain au Japon. Mais son administration s’attend à ce que le Japon assume de plus grandes responsabilités à l’avenir sur différentes questions impliquant la Chine. Tokyo devrait également s’engager dans des questions relatives aux droits de l’homme dans la région.
Derek Mitchell, ambassadeur des États-Unis en Birmanie de 2012 à 2016 sous l’administration Obama, ne cache pas, lui non plus, ses mécontentements envers le Japon. Il a récemment déclaré lors d’une interview que « [le Japon] devrait montrer qu’il peut prendre des mesures fortes et punitives » en réponse au coup d’État militaire en Birmanie. Les États-Unis, eux, ont déjà imposé des sanctions aux responsables de la junte au pouvoir dans le pays.
Sur le plan sécuritaire, Joe Biden devrait encourager le Japon à augmenter ses dépenses et à renforcer ses capacités de défense. Si les aptitudes des forces d’autodéfense s’amélioraient, l’armée américaine pourrait à son tour investir des budgets et des moyens de défense, tels que des navires ou des avions, dans d’autres domaines. La possibilité que les États-Unis exigent le déploiement de missiles de croisière sol-sol au Japon afin de renforcer le pouvoir dissuasif contre la Chine n’est, elle non plus, pas à exclure, souligne Jiji.com.
Sources : Jiji.com, Asahi Shinbun, Sankei Shinbun, Kyodo News, Reuters
Rédacteur : Elie Guidi
Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune
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