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Désarmement nucléaire : le paradoxe japonais entre histoire et réalité

Dernière mise à jour : 27 févr. 2021

Fruit d’une longue mobilisation internationale, le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) est entré en vigueur le 22 janvier 2021. Du fait de sa forte dépendance au parapluie nucléaire américain, le Japon, seul pays victime de frappes nucléaires, n’a pas ratifié le traité.


Un message fort, qui n’aura pas dans l’immédiat, de force que symbolique. Adopté par 122 pays membres de l’ONU et ratifié par 51 États, le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) est entré en vigueur le 22 janvier 2021. Il prône l’interdiction du développement, de la possession et de l’utilisation des armes nucléaires par les États signataires. Si 59% des Japonais restent favorables au TIAN selon un sondage du quotidien Asahi Shinbun, le gouvernement nippon ne souhaite pas le ratifier. Une attitude incompréhensible, pour les militants antinucléaires mais également pour les hibakusha, survivants des bombardements atomiques.


L’arme nucléaire reste un sujet sensible au Japon, pays meurtri par les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki des 6 et 9 août 1945. A la suite du premier essai nucléaire de la Chine en 1964, le débat sur une éventuelle nucléarisation de l’Archipel surgit au Japon. En réponse, les Etats-Unis lui accorde son parapluie nucléaire, afin de l’empêcher de se doter de l’arsenal atomique, donc d’éviter la prolifération des armes nucléaires.


En 1967, Sato Eisaku, alors Premier ministre du Japon, déclare les « Trois principes non nucléaires ». Ils énoncent que le pays ne peut ni produire, ni détenir ou avoir des armes nucléaires sur son territoire. Depuis, l’Archipel demeure placé sous le parapluie nucléaire américain face aux menaces nord-coréennes, chinoises voire russes. Cette forte dépendance à Washington en matière de défense rend Tokyo réticent de se prononcer en faveur du TIAN. Les puissances nucléaires, tout comme leurs pays alliés, considèrent que le traité résulte d’une « volonté dangereuse et naïve voulant imposer l’abandon des armes atomiques aux États qui en disposent », selon le Courrier international.


Alors que le Japon est le seul pays victime de frappes nucléaires, il a quitté dès le début les négociations pour le TIAN. Cette initiative a été portée par la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), lauréate du prix Nobel de la Paix en 2017. De nombreux militants antinucléaires japonais avaient pourtant participé à la démarche dès 2007, tout comme les hibakusha, aujourd’hui âgés de 83 ans de moyenne.


Le maire de Hiroshima, lui, a appelé le gouvernement à mener ce combat pour le désarmement : « Je demande au gouvernement japonais de tenir compte de l’appel des survivants à signer, ratifier et devenir partie au traité sur l’interdiction des armes nucléaires », avait-il déclaré, à l’occasion du 75e anniversaire de l’attaque américaine sur la ville, le 6 août 2020.


Accueilli de façon mitigée, le TIAN fait aujourd’hui montre du dilemme japonais, entre devoir de mémoire et la défense face aux menaces grandissantes.


(Sources : BBC)

Sources : NHK, Nihon Keizai Shinbun, Asahi Shinbun, Courrier international, Les Échos

Rédacteur : Elie Guidi

Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune

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