Le Royaume-Uni va demander lundi 1er février son adhésion au partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), un accord de libre-échange regroupant onze pays du Pacifique dont le Japon. Les deux États n’étaient pas inconnus de toutes relations puisqu’ils étaient déjà partenaires grâce aux accords de l’Union européenne. Cette année, Londres déploiera également son porte-avions au large de l’Archipel, intensifiant les coopérations économiques, diplomatiques et sécuritaires avec Tokyo.
Un an après la sortie officielle de l’Union européenne, le Royaume-Uni se tourne vers l’Asie et le Pacifique. Ce samedi 30 janvier, la ministre britannique au Commerce international, Liz Truss, a annoncé dans un communiqué que le pays postulerait au partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Elle formalisera la demande d’adhésion le 1er février, auprès de ses interlocuteurs japonais et néo-zélandais. Une initiative, qui survient au moment où les relations nippo-britanniques s’intensifient.
D’une union occidentale vers une union transpacifique
« Nous forgerons de nouveaux partenariats qui apporteront d’énormes avantages économiques au peuple du Royaume-Uni », a déclaré ce 31 janvier, le Premier ministre britannique Boris Johnson. La décision d’adhérer le PTPGP reflète sa volonté de « faire des affaires dans les meilleurs conditions (...) partout dans le monde et d’être un fervent champion du libre-échange » après le Brexit. Le Royaume-Uni a quitté le 31 décembre dernier le marché unique européen.
Le PTPGP, lui, a été lancé en 2019 pour supprimer les barrières commerciales entre les onze pays de la zone Asie-Pacifique, tels que le Japon, l’Australie, le Canada, le Chili, le Mexique ou le Vietnam. Ils représentent près de 500 millions de consommateurs dans la région. Son objectif est aussi de contrer l'influence économique croissante de la Chine. Les négociations entre Londres et les onze membres du PTPGP devraient commencer cette année, a ajouté le ministère britannique du Commerce international.
La décision s’inscrit dans un contexte de renforcement des relations nippo-britanniques depuis la sortie officielle de Londres de l’UE il y a un an. Le Royaume-Uni avait signé, en octobre 2020, le premier accord commercial bilatéral majeur post-Brexit avec le Japon. Aujourd’hui, Tokyo et Londres coopèrent également sur le plan sécuritaire et diplomatique, face à la montée en puissance de la Chine.
Vers une « seconde alliance anglo-japonaise »
Le quotidien britannique The Daily Telegraph a annoncé ce 31 janvier l’éventuelle adhésion du Royaume-Uni au Dialogue de Sécurité Quadrilatérale (Quad), une coopération informelle entre les Etats-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde. Formée dans les années 2000 et renforcée sous la présidence de Donald Trump aux Etats-Unis, celle-ci est vivement critiquée par la Chine. Londres, tout comme les quatre autres capitales, reproche à Pékin la répression contre les Ouïgours dans le Xinjiang ainsi que la violation des termes de la déclaration conjointe sino-britannique de 1984 sur la question de Hong Kong.
Le Royaume-Uni envisage également de déployer son porte-avions, le HMS Queen Elizabeth, en Extrême-Orient, dans ce même cadre d’une alliance internationale visant à contrer la puissance grandissante de la Chine. Le nouveau bâtiment de la Royal Navy participerait à des exercices militaires avec le Japon et les Etats-Unis au large des îles Nansei, au sud-ouest de l’Archipel. Au cours du déploiement du HMS Queen Elizabeth dans le Pacifique, la marine britannique prévoit également de procéder à la maintenance des avions de combat furtifs F-35B embarqués, dans l’usine des systèmes aérospatiaux de Mitsubishi Heavy Industries, dans le département d’Aichi au centre du Japon.
Le récent rapprochement entre Tokyo et Londres sur un fond de tension avec Pékin est perçu par certains analystes comme les premiers pas vers une « seconde alliance anglo-japonaise ». La première Alliance anglo-japonaise, signée en 1902, a été dénoncée en 1923 sous la pression des Etats-Unis qui voyaient le Japon se dresser comme un rival de premier ordre dans le Pacifique.
Sources : Sankei Shinbun, Mainichi Shinbun, Nihon Keizai Shinbun, TBS, Kyodo News, Asia Nikkei, BBC, AFP, Le Monde, France 24, Le Point, Le Temps
Rédacteur : Elie Guidi
Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune
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