Le Cabinet a approuvé ce vendredi 15 février, un projet de loi qui, pour la première fois, reconnait juridiquement l'autochtonie de ce peuple premier de l’île de Hokkaido.
« Dans la perspective d’une société permettant la coexistence de différentes valeurs, il est nécessaire que les personnes d'ethnie aïnoue puissent préserver leur honneur et leur fierté, et les transmettre aux futures générations », a déclaré Yoshihide Suga, Secrétaire général du Cabinet, lors de sa conférence de presse du 15 février au matin. Ce projet de loi, validé le même jour par le Cabinet, et qui sera présenté au Parlement, affirme explicitement que « les aïnous [sont] une population autochtone ». Peuple premier de l’île de Hokkaido et des îles alentours, les Aïnous seront pour la première fois juridiquement reconnus comme une ethnie autochtone de l’archipel japonais.
D’après Asahi Shimbun et le Courrier international, les Aïnous – signifiant « être humain » dans cette langue – « souffrent toujours de discrimination et de pauvreté ». Cet état de fait a débuté avec la migration des Japonais vers le nord de l’archipel lors de la restauration de Meiji, à la fin du XIXe siècle. En 1899, une loi a imposé l'assimilation à la société japonaise de ce peuple alors considéré comme une entité distincte, niant leur identité et leur culture. En 1997, un nouveau texte a aboli cette loi discriminatoire et reconnu l’ethnie aïnoue, sans pour autant aborder le droit des peuples autochtones.
De nos jours, la population aïnoue sur Hokkaido est estimée à un peu plus de 16.700 personnes. « Selon un sondage gouvernemental de 2015, 72% des Aïnous disent avoir été confronté à la discrimination », affirme le quotidien local Hokkaido Shimbun. D’après le Sankei Shimbun, journal de droite, le projet de loi a pour but d’interdire la discrimination fondée sur l’ethnicité et de protéger la culture aïnoue par le biais de nouvelles subventions.
Pour le Sankei Shimbun, cette initiative est motivée par l’essor du mouvement international de protection des droits des peuples autochtones. Quant à l’Asahi Shimbun, il estime qu'elle s'inscrit dans le cadre du projet gouvernemental de développement du tourisme ciblant l'augmentation du nombre de visiteurs étrangers. « Pour le gouvernement, la promotion de la culture aïnoue va contribuer à atteindre le but qu’il se fixe en nombre de touristes étrangers [40 millions en 2020] », écrit ce quotidien de gauche. En effet, un complexe culturel comportant un nouveau musée national, et un grand parc devraient être inaugurés en avril 2020 à Hokkaido.
Pourtant, le sentiment des Aïnous à l’égard de ce projet de loi est mitigé. Bon nombre le critique en considérant que « le nouveau site touristique et la nouvelle loi n'enrichiront que les Japonais au détriment des Aïnous », relate le Hokkaido Shimbun.
Sources : Courrier international, Asahi-Shimbun, Sankei Shimbun, Hokkaido Shimbun
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