Le Parti libéral-démocrate, au pouvoir, a proposé mardi 16 février un plan permettant à cinq femmes parlementaires d’assister aux réunions de son conseil d’administration. Une condition a été posée : elles seront de simples observatrices. Une proposition qui rappelle les propos sexistes récents de l’ancien chef des Jeux olympiques de Tokyo 2020, Mori Yoshiro, qui avait déclaré que les femmes parlaient trop lors des réunions.
Au Japon, le Parti libéral-démocrate (PLD) pense avoir trouvé une solution aux critiques selon lesquelles son conseil d’administration ne compte pas assez de femmes. Nikai Toshihiro, secrétariat général du PLD, souhaite que cinq femmes parlementaires se joignent aux réunions du conseil d’administration et « examinent » le processus décisionnel du parti. Une condition doit être toutefois respectée : elles ne pourront pas prendre la parole et devront soumettre leurs opinions seulement après les réunions, au secrétariat du parti, selon le quotidien Nihon Keizai Shinbun.
« Il est important de bien comprendre quel genre de discussions ont lieu. Il s’agit (de leur permettre) d’y jeter un coup d’œil », a déclaré Nikai Toshihiro, 82 ans, lors d’une conférence de presse à Tokyo mardi dernier, d’après le journal Asahi Shinbun. La veille, un groupe de femmes parlementaires du PLD avait demandé à M. Nikai l’augmentation des effectifs féminins aux postes clés du parti, dominés majoritairement par des hommes. Aujourd’hui, seules deux des 12 membres du conseil d’administration et trois des 25 membres du conseil général du parti sont des femmes.
L’initiative de M. Nikai, exigeant les femmes à rester silencieuses lors des réunions, a suscité des critiques sur les réseaux sociaux, d’autant plus qu’elle fait écho à la controverse déclenchée par l’ancien patron des JO. Mori Yoshiro, 83 ans, lui-même membre du PLD, avait déclaré mercredi 3 février que « les conseils d’administration avec beaucoup de femmes prennent beaucoup de temps », ajoutant que les sept femmes au sein du comité d’organisation des JO, elles, « savent rester à leur place ». Ses propos misogynes l’ont contraint à démissionner le 12 février dernier.
Le sexisme profondément enraciné dans la société nipponne
L’Archipel se situe à la 121e place sur 153 pays, dans le dernier rapport sur les inégalités hommes-femmes du Forum économique mondial. Il est classé à la 131e place pour la proportion de femmes à des postes à responsabilité dans la politique et l’administration. Parmi les pays les plus avancés, le Japon est le pire élève en matière d’égalité des genres.
Les entreprises ne sont pas des exceptions. Ce mardi 16 février, Sakurada Kengo, chef de l’Association japonaise des dirigeants d’entreprise, un puissant lobby commercial dans le pays, a déclaré que « les femmes sont en partie responsables » du plafond de verre au Japon. « Les femmes déterminées à aller saisir activement une chance seraient encore peu nombreuses », s’est-il interrogé, concernant le faible taux des femmes parmi les cadres des entreprises japonaises, selon le quotidien Mainichi Shinbun.
Pour rappel en 2018, plusieurs universités japonaises de médecine avaient été épinglés, pour avoir baissé volontairement les notes des femmes au concours d’entrées. Cette méthode leur permettait d’obtenir moins de 30% de femmes par promotions, une pratique justifiée par le fait que ces femmes, le jour où elles auraient des enfants, quitteraient leur poste. Des phrases qui suscitent la controverse quand on sait que le plafond de verre est maintenu au sein même du gouvernement et dans l’éducation nippone.
Sources : Nihon Keizai Shinbun, Asahi Shinbun, Mainichi Shinbun, Huffington Post, Reuters, BBC
Rédacteur : Elie Guidi
Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune
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