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Photo du rédacteurElie Guidi

Portait : Kishi Nobuo, ministre de la Défense, entre rupture et continuité de la politique nippone

Dernière mise à jour : 17 janv. 2021

Kishi Nobuo a été nommé ministre de la Défense, le 16 septembre dernier, par Suga Yoshihide, le nouveau chef du gouvernement japonais. Kishi et sa proximité avec Taïwan inquiètent Pékin, pour qui la politique d’une seule Chine reste intangible.


Kishi Nobuo incarne-t-il la transition stratégique de la diplomatie japonaise vis-à-vis de Taïwan et de la Chine ? Ou perpétuera-t-il l’omniprésence de sa famille – l’une des plus influentes – au cœur de la vie politique japonaise ?


Les médias nippons se posent la question au lendemain de la nomination de Kishi Nobuo au poste de ministre de la Défense. Il a été nommé par Suga Yoshihide, nouveau chef du gouvernement japonais. Cette décision vient à peine trois semaines après l’annonce de la démission d’Abe Shinzo – alors Premier ministre du Japon depuis fin 2012 – pour des raisons de santé.


Secrétaire général de l’union des parlementaires nippo-taïwanaise


Sa nomination n’est pas restée sans écho. Alors que le quotidien conservateur Sankei Shinbun salue sa proximité avec Taïwan, le tabloïd chinois Global Times y voit un évènement alarmiste pour Pékin.


Kishi reste tout d’abord une figure incontournable des hommes politiques pro-Taïwan du Japon. Jusqu’à ce jour, il reste le secrétaire général du Groupe de discussion parlementaire nippo-taïwanais. La nomination de Kishi à un poste clé comme ministre de la Défense laisse présager un tournant stratégique dans la politique étrangère du Japon.

Kishi Nobuo, lors de la passation des pouvoirs au ministère de la Défense, le 17 septembre 2020, à Tokyo (Japon). Source : Sankei Shinbun

Le Japon a reconnu le régime de Pékin en 1972, mais a maintenu des relations de travail non gouvernementales avec Taïwan. Récemment, Tokyo et Taipei se sont rapprochées dans le contexte de la détérioration constante des relations sino-américaines ces dernières années. Une conduite qui irrite Pékin, pour qui la politique d’une seule Chine est intangible. La nomination de Kishi Nobuo pourrait donc intensifier la coopération nippo-taïwanaise en matière de défense, ce qui permettrait de contrer la menace chinoise grandissante dans la région.


Cependant, et bien qu’il paraisse être l’incarnation d’une rupture dans l’histoire de la diplomatie japonaise contemporaine, le nouveau ministre reste le symbole d’une classe politique très fermée.


Fils cadet d’une influente famille politique du Japon


Né en 1959 à Tokyo, Kishi Nobuo est le troisième fils de l’ancien ministre des Affaires étrangères Abe Shintaro. Son oncle maternel, sans enfant, l’adopte peu après sa naissance. Il passe la première décennie de sa vie avec son grand-père Kishi Nobusuke, Premier ministre de 1957 à 1960. M. Kishi découvre sa filiation réelle et sa relation avec Abe Shinzo, seulement lors de son entrée à l’Université Keio. En 1981, il est diplômé de la meilleure université privée du Japon. Il débute sa carrière politique en 2004.


Membre de plusieurs groupes de droite à la Diète nationale


Kishi est membre du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, et de plusieurs groupes de droite à la Diète nationale, tout comme son grand-père, son père et son frère.


Le nouveau ministre à la Défense est par ailleurs favorable à la révision de l’Article 9 de la Constitution japonaise. Cet article dispose que l’État japonais renonce à la guerre. En 2012, Kishi avait répondu être en faveur du débat pour réfléchir à doter le pays de l’arme nucléaire à un questionnaire soumis par le quotidien Mainichi Shinbun aux parlementaires. Cependant, il a déclaré que « cela ne se produira jamais » le lendemain de sa nomination au ministère de la Défense le 17 septembre, selon le journal Asahi Shinbun.


Il est également contre la réforme de loi envisagée pour la maison impériale. Celle-ci permettrait aux femmes impératrices de conserver leur statut impérial même après le mariage à un roturier.


Sa nomination reflète un choix stratégique qui incarnerait un tournant historique de la diplomatie nippone. Cependant, elle fait également montre de la volonté de laisser perpétuer cette ancienne classe conservatrice, close et dominante de la vie politique japonaise.


Sources : Mainichi Shinbun, Sankei Shinbun, Asahi Shinbun

Rédacteur : Elie Guidi

Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune

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