Le vendredi 11 janvier, le New York Times a publié la lettre que Tokyo lui a adressée en réponse à son éditorial du 31 décembre 2018 au sujet de la reprise de la chasse aux baleines à des fins commerciales. Signé par M. Takeshi Osuga, attaché de presse du ministère japonais des Affaires étrangères, le contre-argumentaire souligne que la pêche à la baleine fait partie de la culture japonaise, et que Tokyo « s’engage à protéger les baleines » dans le cadre du droit international.
Le New York Times avait publié, fin décembre, un éditorial intitulé « Arrêtez d’abattre des baleines » critiquant le retrait du Japon de la Commission baleinière internationale (CBI), comparant celui-ci au retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique, annoncé le 1er juin 2017, sous la pression de Donald Trump. « Ce n’est pas un modèle que le Japon devrait imiter », soulignait le quotidien à la fin de son éditorial.
La lettre adressée au quotidien new-yorkais estime en premier lieu que l'éditorial en question « ne mentionnait pas de faits critiques ». Elle insiste sur le fait que les actions du Japon sont pleinement conformes au droit international, et se feront dans « des zones de capture strictement limitées et basées sur la méthodologie scientifique établie par la Commission baleinière internationale ». Tout en insistant sur le fait que la chasse à la baleine est une pratique multiséculaire au Japon, comme en Norvège, Islande, et Danemark, mais qu'elle est aussi pratiquée par les peuples autochtones des États-Unis et du Canada, M. Takeshi Osuga ajoute que toutes les espèces de baleines ne sont pas menacées et que le Japon interdit la chasse de celles qui le sont. Enfin, il considère « injuste » de critiquer uniquement le Japon, et « offensant » de rejeter la préoccupation du Japon pour la protection de son propre patrimoine culturel et du secteur qui lui est étroitement lié, en le qualifiant de « manège de politiciens nationalistes » motivé par un « gain politique à court terme ».
Le Japon avait annoncé, le 26 décembre 2018, son retrait de la CBI, mettant en pratique ses déclarations antérieures, dans le but de « reprendre la pêche commerciale en juillet prochain ». Il rejoindra alors l’Islande et la Norvège, qui pratiquent ouvertement la pêche à des fins commerciales. Cependant le Japon s’abstiendrait d’aller chasser « dans l’hémisphère Sud, y compris en Antarctique » : la pêche serait donc « limitée aux eaux territoriales et à la zone économique exclusive » du pays. Mais comme le souligne la version électronique du Monde du 26 décembre 2018, s’il est exact que la chair de baleine a constitué une salvatrice source de protéines dans les années de l’immédiat après-guerre, aujourd’hui, la plupart des Japonais disent ne pas en manger, ou très rarement.
Sources : Yomiuri-Shimbun, The New York Times, Le Monde
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