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Photo du rédacteurElie Guidi

Portait : Osaka Naomi, un visage moderne et sportif dans la lutte contre le racisme

Dernière mise à jour : 17 janv. 2021

Lauréate du dernier US Open de tennis, l’athlète japonaise de 22 ans a fait parler d’elle en dehors des courts par son activisme dans la lutte contre le racisme après la mort de George Floyd fin mai. Mais son engagement contre les préjugés raciaux ne fait pas l’unanimité au sein de sa communauté natale au Japon.


« Avant d’être une athlète, je suis une femme noire », avait-elle tweeté, le 27 août, refusant de jouer sa demi-finale de l’US Open à Cincinnati aux États-Unis. Elle est engagée dans le mouvement de contestation après que Jacob Blake, un noir américain, ait été blessé dans le Wisconsin par un policier. Osaka est finalement revenue sur sa décision, après que les organisateurs du tournoi s’étaient montrés solidaires en annulant les matchs prévus ce jour-là. Une première pour un pays comme le Japon, où les sportifs qui s’impliquent en politique deviennent des cibles de critique.


Aujourd’hui, Osaka Naomi est une figure de la lutte contre le racisme, de par son engagement auprès du mouvement Black Lives Matter (BLM), mais cet engagement est récent et révèle un côté timide qu’elle a dépassé sur les courts.


« J’arrête d’être timide »


Osaka Naomi est née d’une mère japonaise et d’un père haïtien dans la ville d’Osaka au Japon, mais vit aux États-Unis depuis l’âge de 3 ans. Elle représente le Japon en tennis depuis l’âge de ses 13 ans, et dispose de deux nationalités : japonaise et américaine. Timide, elle s’était rarement exprimée sur ses origines et sa nationalité, jusqu’à ce que George Floyd meure aux mains de policiers blancs à Minneapolis, fin mai.

Osaka Naomi, arborant un masque avec le nom de George Floyd, lors du quart de finale de l’US Open, le 8 septembre. Source : BBC

Dans un entretien avec CNN Sports, Osaka a déclaré regretter son silence, et arrêter d’être timide. Elle a appelé activement à soutenir le mouvement BLM et à manifester aux États-Unis ainsi que dans le monde entier. Elle arborait depuis, sur le court avant chaque match de l’US Open, un masque avec le nom d’un afro-américain victime de violences raciales et policières.


Le défi du métissage au Japon


Ne sachant pas parler couramment le japonais, elle bouscule les préjugés raciaux dans un pays où la notion d’homogénéité ethnique reste forte.


Son annonce, massivement médiatisé, de l’abandon de la nationalité américaine en octobre 2019 avait suscité un débat au niveau national sur le statut des enfants issus du métissage au Japon. La loi japonaise actuellement en vigueur refuse la double nationalité au-delà de l’âge de 22 ans et encourage toutes personnes possédant plus d’une nationalité à « faire un choix ». Mais surtout, elle a provoqué un grand débat par son refus de l’idée que les athlètes ne doivent pas s’impliquer en politique. Pour Osaka, la question relève des droits de l’homme. Le quotidien Mainichi Shinbun, lui, relève qu’on « continue à considérer comme une vertu pour les athlètes de se consacrer uniquement à la compétition et de ne pas s’immiscer dans les questions politiques ».


Même si son engagement lui vaut des critiques au Japon, notamment de la part des conservateurs, le magazine américain Time l’a sélectionnée parmi les 100 personnalités les plus influentes de l’année 2020. Avec la journaliste Itō Shiori, engagée contre les violences sexuelles, elle fait partie des deux Japonaises figurant dans ce classement. Les engagements d’Osaka Naomi pourraient faire évoluer les modes de pensées au Japon, et encourager les personnes exclues des débats politiques à prendre activement la parole.



Sources : Jiji-Press, Mainichi Shinbun, Le Monde, Courrier International

Rédacteur : Elie Guidi

Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune

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