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Photo du rédacteurElie Guidi

Le Premier ministre fait face à des critiques sévères

Dernière mise à jour : 10 nov. 2018

Des séances de questions ont eu lieu lundi 29 et mardi 30 octobre durant la session spéciale de la Diète, en réaction au discours de politique générale du Premier ministre Shinzo Abe prononcé mercredi 24 octobre devant les parlementaires.

Le bâtiment de la Diète nationale, à Tokyo

La Chambre des représentants a rapidement connu un tollé, lundi 29 octobre, après que Sanae Takaichi (Parti libéral démocrate, PLD, au pouvoir), présidente du Comité de direction de la Chambre des représentants, ait présenté le plan de réforme de la Diète. Peu après, Yukio Edano, chef du Parti démocrate constitutionnel (PDC) et Yuichiro Tamaki, président du Parti démocrate du peuple (PDP), ont très vite accablé le Premier ministre de questions portant sur de nombreux thèmes. Le lendemain, le chef du gouvernement a reçu de multiples critiques de la part de son prédécesseur Yoshihiko Noda, et de Kazuo Shii, président du Parti communiste japonais (PCJ).



Le scandale Moritomo


« (Le Premier ministre est) le plus haut responsable ayant négligé les fondements du régime parlementaire », a affirmé M. Edano au sujet de l’affaire d’une cession controversée de terrains en faveur de l’organisation ultraconservatrice Moritomo. Le ministère des finances avait reconnu, le 12 mars, avoir modifié le contenu de quatorze documents, au profit de cet opérateur d’écoles privées nationalistes. Quant au chef du PDP, celui-ci a insisté sur le fait que son parti « poursuivra sévèrement tout acte déraisonnable du gouvernement et du parti au pouvoir, en coopération avec le reste de l’opposition ».



La réforme constitutionnelle


Le plan de réforme soumis par le PLD consiste à inscrire de manière explicite l’existence des Forces d’autodéfense dans l’Article 9 de la Constitution. Le lundi 29 octobre, Shinzo Abe s'est dit être « convaincu qu’un large accord était possible si le [PLD] présente un plan plus concret », et il n’a pas caché sa volonté de débattre de la réforme à la Commission sur la Constitution. Mais les chefs de l’opposition ont émis de nombreuses critiques, à commencer par le président du PDC : « la limitation du pouvoir, c’est l’essence même de la Constitution. Il est par conséquent hors de question que le Premier ministre, lui-même représentant du pouvoir, soit seul en tête de cette réforme ». De plus, le chef du PDP a ajouté de son côté : « la mise en place d’une régulation de la publicité politique -- à la télévision durant la campagne du référendum -- est la condition majeure au lancement du débat sur la réforme constitutionnelle ». Le mercredi 30 octobre, en réponse à Kazuo Shii (PCJ) et à une sénatrice du PDC, le Premier ministre s’est justifié : « il n’est pas interdit au Premier ministre de révéler sa vision politique de la Constitution, ni de s’adresser à la Diète pour en débattre ».



La réforme de la loi sur l'immigration


En octobre, le gouvernement a présenté son projet de création d’un nouveau visa permettant à des non-nationaux de travailler au Japon pendant cinq ans. Alors que le Premier ministre continue de défendre son plan en insistant sur le fait qu’il est nécessaire « d’accueillir temporairement davantage de travailleurs étrangers pour combler le manque de main-d’œuvre » affectant gravement un grand nombre de secteurs, les hommes politiques, y compris ceux du PDL, sont nombreux à le contester. Face à ces nombreuses critiques, Shinzo Abe a précisé à plusieurs reprises que la création de ce nouveau statut ne remettra pas en cause la politique d'immigration. Cependant, Yukio Edano a reproché, lundi, au Premier ministre l'insuffisance de la préparation du gouvernement pour l’accueil des travailleurs immigrés.



Les négociations de libre-échange avec les États-Unis


De forts doutes persistent sur les négociations de libre-échange nippo-américain qui vont débuter. Alors que les États-Unis les qualifient de négociation pour un Traité de libre-échange (FTA), Tokyo utilise quant à lui l'acronyme TAG, que l'on peut traduire par « Traité d’échange sur les marchandises ». Yukio Edano et Yuichiro Tamaki ont alors demandé à Shinzo Abe des détails sur la nature du TAG et les raisons pour lesquelles Washington emploie un terme différent. Le Premier ministre a justifié le propos de son gouvernement en précisant qu’il « n’existe aucune définition d’un FTA établie à l’échelle internationale ». Cependant, il dit être conscient des critiques considérant le TAG comme une variante du FTA, et a promis qu’en aucun cas, le Japon « ne signerait un accord contraire aux intérêts de l’État ».


Par ailleurs et toujours dans le cadre des relations nippo-américaines, M. Tamaki a proposé la révision du Status of Forces Agreement (SOFA), une entente juridique entre le Japon et les États-Unis signée en 1960.



Les Kouriles du Sud


Au sujet du différend relatif aux territoires du Nord, Yuichiro Tamaki a proposé mardi l'ouverture de négociations avec Moscou pour une rétrocession immédiate au profit du Japon des Rochers Habomai et de l’île Shikotan, et pour l'établissement de la libre circulation entre le Japon et les deux îles restantes (Etorofu et Kunashiri) qui, selon le président du PDP, resteront sous contrôle russe. Mais le gouvernement japonais considère toujours que la rétrocession de l'ensemble des quatre îles constitue la condition préliminaire au lancement de négociations sur un traité de paix avec la Russie.



Face à l'ex-Premier ministre Yoshihiko Noda


En novembre 2012, Shinzo Abe, à l’époque président du PLD dans l’opposition, et Yoshihiko Noda, alors Chef du gouvernement, avaient passé un accord (« une promesse ») par lequel le premier s'engageait à réduire les effectifs parlementaires en échange d’une dissolution de la Chambre des représentants. Mais ce mardi 30 octobre, l’ex-Premier ministre a pris la parole pour critiquer le fait que, si Shinzo Abe a bien supprimé dix sièges à la Chambre basse, il en a néanmoins rajouté six à la Chambre des conseillers. Il lui a été également reproché de ne pas s’être suffisamment investi sur l’assainissement des finances publiques. L'actuel Premier ministre a rétorqué que son administration avait créé 780 000 emplois fixes et que « nous avons récupéré les 500 000 emplois perdus sous le gouvernement du Parti démocrate ».



Sources : Asahi-Shinbun, Mainichi-Shinbun, Kyodo News, TV Tokyo, Reuters, Le Monde, Yomiuri-Shinbun, FNN, Sankei-Shinbun

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