Le mercredi 21 novembre, le gouvernement de la Corée du Sud a annoncé la dissolution du fonds pour les femmes de réconfort, financé par le Japon, dont le but est d’indemniser les femmes contraintes par l’armée impériale nippone d'assurer le "réconfort" des ses soldats durant la Seconde Guerre mondiale. La presse japonaise et sud-coréenne estiment que les relations entre les deux pays ne peuvent que s’aggraver encore.
Selon TV Asahi, le gouvernement sud-coréen a annoncé la dissolution de la fondation, créée en 2015 et pilier de l'accord bilatéral passé entre Tokyo et Séoul à ce sujet. Depuis fin décembre 2015, le gouvernement japonais a financé le fonds d’indemnisation à hauteur de 1 milliard de yens (7,8 millions d’euros). Cependant, l’actuel président sud-coréen Moon Jae-in insistait lors de sa campagne pour l’élection présidentielle que « cet accord ne résoudrait pas [le problème] ». Et alors que dans leur déclaration commune de 2015 les gouvernements japonais et sud-coréens considéraient que cette question était « résolue de manière définitive et irréversible », Séoul a tout de même pris la décision de rejeter de facto cet accord. A Tokyo, les membres du gouvernement affirment leur mécontentement face à une telle décision.
Reuters rapporte que le ministre japonais des Affaires étrangères, Taro Kono, a déclaré ce mercredi que la décision de Séoul était « inacceptable », tout en admettant que Séoul l'avait prévenu que cela ne revenait pas à abandonner l’accord en tant que tel. Selon Abema Times, Taro Kono estime que « même si le régime sud-coréen a changé depuis [la signature], il est impératif que la mise en œuvre de l’accord soit maintenue », et que « pour vivre dans la communauté internationale (…), il est fondamental de respecter le droit international, et de respecter les accords établis entre États ». Selon Sankei Shinbun du mercredi 21 novembre, Yoshihide Suga, Secrétaire général du Cabinet, a déclaré qu’il importait de continuer à mettre en œuvre l’accord nippo-sud-coréen. Le porte-parole de l’exécutif a également ajouté que Tokyo persisterait à exiger le maintien de l’accord, et que la position de Tokyo sur cette question « ne change pas ». Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, en s'adressant aux journalistes de TV Asahi, a déclaré : « Si les accords internationaux ne sont pas respectés, alors les relations entre États deviennent difficiles. Je souhaiterais que la Corée du Sud, en tant que membre de la communauté internationale, prenne des mesures plus responsables ».
Tout en considérant que l’accord était rejeté de facto, Yomiuri Shinbun remarque ce même 21 novembre que la détérioration des relations diplomatiques inquiète la presse sud-coréenne. De sensibilité centriste, le quotidien Hankook Ilbo estime pour sa part qu’il est « impossible de nier la réalité, à savoir qu’environ la moitié des victimes ou leurs familles ont déjà été indemnisées par la fondation ».
Le 28 décembre 2015, les gouvernements japonais et sud-coréens étaient parvenus à établir un accord mettant un terme à la question des femmes de réconfort. Le Japon reconnaissait que les autorités militaires japonaises avaient gravement porté atteinte à l’honneur et la dignité d’un grand nombre de coréennes durant la Seconde Guerre mondiale. La Corée du Sud, quant à elle, reconnaissait les préoccupations de Tokyo vis-à-vis d’une statue installée devant l’ambassade du Japon à Séoul et symbolisant une femme de réconfort. Ainsi, fut décidée la création d’une fondation – dont les fonds étaient versés de manière régulière par Tokyo à travers son budget gouvernemental – en vue d'indemniser les anciennes victimes. Enfin, les gouvernements japonais et sud-coréens avaient confirmé que cette question était « résolue de manière définitive et irréversible », et qu’ils s’abstiendraient de s’accuser voire de se critiquer mutuellement au sein de la communauté internationale au sujet de cette pénible question.
Sources : Reuters, Sankei Shinbun, TV Asahi, Abema Times, Yomiuri Shinbun
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