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Photo du rédacteurElie Guidi

Mémoire : La Corée du Sud rajoute de l'huile sur le feu en réclamant des excuses de l'Empereur

Une demande similaire avait déclenché l’hilarité générale au Japon, en 2012, lorsque l’ancien président sud-coréen, Lee Myung-bak, avait réclamé à l’Empereur Akihito des excuses supplémentaires au sujet des femmes de réconfort.


Mais ce jeudi 7 février, au cours d'une interview par Bloomberg sur la résolution du différend diplomatique croissant relatif à la colonisation de la péninsule coréenne par le Japon de 1910 à 1945, c'est-à-dire essentiellement durant le règne de l’Empereur Hirohito, le président de l’Assemblée nationale de Corée du Sud, Moon Hee-sang, a déclaré que l’Empereur du Japon – en tant que « descendant du principal coupable de crimes de guerre » - se devait de présenter des excuses au sujet des femmes de réconfort avant son abdication programmée pour la fin avril. Le haut législateur sud-coréen, proche du président Moon Jae-in, a ajouté que « tout sera probablement résolu une fois pour toutes » après que l’Empereur se sera exécuté.


La statue en mémoire des femmes de réconfort installée depuis le 14 décembre 2011 devant l'ambassade du Japon à Séoul (Corée du Sud)

Ces commentaires soulignent à quel point le fossé s'agrandit entre les voisins, dont les relations ne se sont jamais autant détériorées au cours de ces 50 dernières années. Le défi ainsi lancé directement à l’Empereur pourrait provoquer une vague de colère au Japon.


L’Empereur Akihito avait déclaré en 1990 son « plus profond regret » pour la colonisation de la péninsule par le Japon. Cependant, en 2012, Lee Myung-bak, à l’époque président de la Corée du Sud affirmait : « si l’Empereur souhaite se rendre en Corée du Sud, il doit présenter des excuses pour les atrocités commises par le Japon durant l’occupation ». Ce propos déclencha une controverse diplomatique, et l’ancien Premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, avait à son tour réclamé des excuses de la part du président sud-coréen.


Une matérialisation à des fins politiques ?


Le différend a refait surface après l’élection du président Moon Jae-in en 2017, avec en ligne de mire la rupture de l'accord conclu par son prédécesseur Park Geun-hye avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe fin décembre 2015. La pièce maîtresse de cet accord était la création d'un fonds financé par le gouvernement japonais à hauteur de 1 milliard de yens (7,8 millions d’euros), ayant pour but d'indemniser les femmes contraintes par l’armée impériale nippone d’assurer le « réconfort » de ses soldats durant la Seconde Guerre mondiale. Or, le 21 novembre 2018, Séoul a unilatéralement annoncé sa dissolution, rejetant de facto l'accord bilatéral.


Selon le quotidien sud-coréen de sensibilité conservatrice, Chosun Ilbo, bien que beaucoup de Sud-Coréens estiment que le Japon doit en faire davantage sur ce difficile sujet, une partie de ses lecteurs s’inquiète de la détérioration aggravée des relations nippo-sud-coréennes, soulignant que le Japon – y compris sous l’administration Shinzo Abe – avait officiellement présenté des excuses à plusieurs reprises, et avait financé le fonds d'indemnisation. Des analystes japonais estiment pour leur part que les propos de M. Moon ont pour but non seulement de raviver le différend historique dans la perspective du centième anniversaire du Soulèvement indépendantiste du 1er mars 1919, mais surtout d'accélérer le rapprochement inter-coréen en jouant sur la valeur commune qu’est le sentiment anti-japonais.



Sources : Bloomberg, FNN, Sankei-Shimbun, Chosun Ilbo

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