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Le Japon peut-il attirer les géants de la fiance qui fuient Hong Kong ?

Dernière mise à jour : 17 janv. 2021

Le 30 septembre dernier, un comité parlementaire a appelé le gouvernement à mener plusieurs réformes pour attirer au Japon, les investisseurs étrangers, tentés de quitter Hong Kong. Malgré les ambitions et les espoirs des politiques, les obstacles restent nombreux.


Attirer les entreprises fuyant Hong Kong et transformer Tokyo en un centre d’affaires mondial – tels sont les ambitions du gouvernement japonais, depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale, le 1er juillet dernier, dans l’ancienne colonie britannique.

Katayama Satsuki, présidente du comité spécial sur les travailleurs étrangers du PLD (sources : Bloomberg)

« La situation géopolitique en Asie favoriserait le déplacement des personnes et la relocalisation des centres [financiers] de la région vers le Japon », a surligné le comité spécial sur les travailleurs étrangers du parti au pouvoir, dans son rapport remis au gouvernement, le 30 septembre. « De plus en plus de personnes, tant au niveau national que mondial, espèrent voir le Japon devenir un centre financier global », avait déclaré fin septembre, Katayama Satsuki, présidente du comité.


Récemment, le comité avait mené une enquête auprès des géants de la finance étrangère afin de repérer les obstacles pour attirer les investisseurs au Japon. Un ensemble de propositions de réformes urgentes à enclencher a été présenté au Premier ministre Suga Yoshihide.


Pour le parti conservateur au pouvoir et le gouvernement japonais, il s’agit d’une stratégie de croissance de l’économie nippone après la crise sanitaire de la Covid-19. En se positionnant en un refuge idéal, le Japon souhaite également accroître son influence régionale dans sa compétition face à la Chine. Cependant, ce projet ne peut être réalisé que si le Japon procède à une série de réformes radicales.


Profonde révision de la fiscalité


Selon le rapport du comité, la politique fiscale japonaise en vigueur est loin d’être favorable aux cadres étrangers. Au Japon, les foyers les plus aisés sont soumis à un impôt sur le revenu trois fois supérieur à celui de Hong Kong. Les résidents étrangers fortunés doivent aussi payer une « taxe de sortie » de 15% sur leurs actifs lorsqu’ils quittent le pays.


Inexistants à Hong Kong et à Singapour, les droits de succession peuvent aller jusqu’à 55% au Japon. « Toute fortune acquise à l’étranger avant l’arrivée sur le territoire devrait être exemptée des droits de succession », a insisté le comité dans son rapport, selon le Nihon Keizai Shinbun. De plus, des banquiers restent sceptiques quant à l’idée d’une réforme fiscale en faveur des étrangers. Ils estiment que le ministère des Finances – extrêmement conservateur – n’acceptera pas de revoir ces règles pour les non-Japonais.


Système de visas plus flexible et amélioration du niveau d’anglais


Le comité spécial sur les travailleurs étrangers demande en parallèle la mise en place d’un système de visas plus flexible. Si le déclin démographique pousse le Japon à accueillir davantage de main-d’œuvre étrangère, l’Archipel ne dispose pas suffisamment de travailleurs adaptés aux besoins de firmes internationales. Le comité urge également une amélioration rapide du niveau d’anglais des cadres. Au Japon, le niveau d’anglais moyen ne cesse de baisser : le pays est désormais classé au 53e rang mondial dans l’étude d’EF Education First.


Répercussions des échanges boursiers gelés


L’Archipel est tombé dans le discrédit le 1er octobre dernier après l’interruption des opérations à la Bourse de Tokyo, estime l’agence de presse américaine Bloomberg. Les opérations ont été interrompues en raison d’une faille technique décelée dans le système d’échanges avant l’ouverture de la séance de la journée. Les investisseurs se sont alors retrouvés paralysés au lendemain du premier débat présidentiel américain.


Le porte-parole du gouvernement, Katō Katsunobu, a annoncé avoir exigé une investigation de l’Agence des services financiers rattachée à l’Office du Cabinet. Katayama Satsuki, quant à elle, a déclaré regretter l’incident technique et s’inquiète des répercussions sur son projet ambitieux.


Malgré ses ambitions affichées, le Japon semble encore loin de devenir un centre financier global.



Sources : Les Échos, The Japan Times, Nihon Keizai Shinbun, TV Asahi, Reuters, Bloomberg

Rédacteur : Elie Guidi

Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune

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