Le pays du soleil levant est une riche réserve d’histoires d’horreur et de légendes urbaines. A l’occasion d’Halloween, et en particulier en cette période de confinement « saison 2 », je vous propose de conter la légende du village d’Inunaki, surnommé le village du chien aboyant. Conseil de l’auteur : à lire dans le noir, avec une tasse de chocolat chaud et quelques bonbons...
D’un village à la Légende
Le village d’Inunaki, considéré comme mythique, a bel et bien existé. Situé dans la campagne du département de Fukuoka, sur l’île de Kyushu, le village ne serait accessible que par le tunnel Kyu-Inunaki, aujourd’hui fermé au public. Tunnel, qui au moment de sa construction fin XIXème siècle, avait déjà causé la mort de centaines de travailleurs, lors d’un effondrement.
Le 1er avril 1889, avec la mise en place de nouvelles subdivisions administratives, Inunaki a été regroupé avec quatre villages voisins pour former la commune de Yoshikawa. Ainsi, Inunaki est devenu un simple quartier de ce nouveau district du département de Fukuoka.
L’agriculture étant la principale activité du village, Inunaki a été lentement abandonné avec le développement de l’industrie dans le nord de l’île de Kyushu. Certains disent que ce serait dû à un fléau généralisé qui aurait anéanti la population. D'autres disent que ce serait juste à cause de son éloignement. Mais l'histoire la plus folle est que l'un des villageois serait devenu fou et aurait assassiné tout le monde avec une hache. Oui, on croirait entendre une partie de jeu de Loup-Garou, ou l’homme bien caché parmi les villageois aurait décimé le village entier.
Quoi qu’il en soit, personne n’a vécu ici depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le centre du quartier, quant à lui, aurait coulé au fond d’un barrage, construit entre 1970 et 1994. Ainsi, Inunaki aurait fini par disparaître engloutit par les eaux.
Aujourd’hui, ce lieu ne figure plus sur la carte. Seules quelques légendes urbaines autour de ce village mystérieux ont survécu.
Les légendes urbaines qui existent autour d’Inunaki sont diverses et variées. Certains disent que les cadavres seraient entassés à proximité de la sortie du tunnel Kyu-Inunaki. D’autres ont laissé entendre qu’un conducteur serait devenu fou en traversant le tunnel et aurait passé vingt ans dans un hôpital psychiatrique. Mais ce ne sont pas les plus connues de toutes les légendes. Trois récits majeurs sont aujourd’hui répandus partout dans le pays, vous conseillant de rester à l’écart du village mythique.
Des villageois agressifs parlant une autre langue
On estime que les villageois ne savent pas parler japonais. Selon la légende, les habitants d’Inunaki auraient été persécutés pour des raisons qui ne sont pas tout à fait claires. Depuis, ils rejetteraient tout contact avec le monde extérieur. Isolés, les villageois semblent utiliser leur propre langue pour se communiquer. Vous feriez mieux de ne pas vous perdre dans les alentours d’Inunaki, car personne ne sera en mesure de vous aider...
Il est fortement déconseillé de trop s’approcher du village pour une autre raison. La légende laisse entendre que les villageois féroces vous attaqueront à coup de hache et de faucille. On pense que cette agressivité est liée à la « discrimination » qu’ils auraient subie durant plusieurs siècles auparavant. Et puisque qu’ils ne comprendraient pas notre langue, vous serez dans l’incapacité de les empêcher de vous agresser.
Certaines personnes témoignent des expériences terrifiantes mais très réalistes de ces fameuses « attaques ». Un jour, un homme réussit à atteindre le village d’Inunaki et observait une maison à l’entrée du quartier. Peu après, il s’est retrouvé encerclé par 4 à 5 hommes furieux et armés. Il s’est précipité vers sa voiture et a pu fuir du village. Cependant, la partie arrière du véhicule aurait été fortement endommagée.
Il y aurait aussi, une berline blanche, quasiment détruite, qui aurait été laissée à l’abandon sur la place centrale du village. La voiture appartiendrait à un jeune couple curieux et téméraire, qui aurait réussi à pénétrer dans le village. Ils auraient ensuite été sauvagement massacrés. Une pancarte serait déposée à l’entrée du tunnel, conseillant aux berlines blanches de « faire demi-tour ».
La cabane aux squelettes
La légende dit également que des squelettes seraient entassés dans une cabane, non loin de la place centrale d’Inunaki.
Un jeune curieux serait un jour parvenu à atteindre le village. Selon lui, le seul chemin donnant accès au village serait barré par des ficelles tenues auxquelles sont accrochées des cannettes vides pour alerter les villageois de l’arrivée des étrangers. Si, par chance… ou malheur, vous tombez sur l’entrée du village, vous serez accueillis par des panneaux vous indiquant de rester à l’écart, avertissant que « la Constitution et les lois japonaises ne s’appliqueront pas au-delà ».
Un village coupé du monde extérieur
Même si vous ne parvenez pas à atteindre Inunaki, une cabine téléphonique se trouverait à proximité du village. Mais vous ne pourrez pas joindre la police avec. Inutile d’appeler les secours avec votre téléphone portable car les appareils électroniques ne fonctionneraient pas autour du village. La légende dit que ce serait probablement à cause des autorités japonaises qui refuseraient catégoriquement d’intervenir, même s’il vous arrive quelque chose...
Des rumeurs laissent entendre que l’on aurait préféré laisser le village tomber dans l’oubli, pour éviter un éventuel drame.
Cette ancienne infrastructure attire chaque année des visiteurs curieux venus de tout l’Archipel même si le tunnel Kyu-Inunaki a été condamné. Cependant, certaines personnes ont eu recours au harai, une cérémonie de purification dans des temples bouddhistes ou des sanctuaires shintô, quelque temps après la visite.
S'agit-il des bruits d’aboiements de chiens, de cris de travailleurs morts ou de hurlements de villageois sauvages qui émanent du fond du tunnel ? L’auteur n’a pas voulu vérifier pour vous… Libre à vous de tenter ou non l’expérience.
Si vous aimez vous faire peur, je vous conseille également de regarder le film Inunaki : Le Village oublié (2020).
Rédacteur : Elie Guidi
Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune
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