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Photo du rédacteurElie Guidi

Entre soulagement et inquiétude, au lendemain de l’élection de Joe Biden pour le Japon

Dernière mise à jour : 17 janv. 2021

Si la relation étroite qu’entretenaient Donald Trump et Abe Shinzo avait favorisé un renforcement de coopération nippo-américaine, l’élection de Joe Biden semble inquiéter l’exécutif du pays. Tokyo veut s’assurer que ses relations avec Washington ne seront pas rétrogradées sous le nouveau gouvernement américain, en particulier sur le plan sécuritaire.

Le Japon est mitigé au lendemain de l’élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis. Ce jeudi 12 novembre, le Premier ministre japonais, Suga Yoshihide, a félicité la victoire du candidat démocrate et de sa colistière Kamala Harris, lors d’un sommet téléphonique. Suga en a profité pour évoquer l’importance de l’alliance nippo-américaine et la nécessité de la renforcer davantage. Un rappel, traduisant une volonté puissante du gouvernement nippon pour que les Etats-Unis de Biden maintiennent leur engagement en matière de stabilisation dans l’Extrême-Orient, comme cela a été le cas, sous l’administration Trump.

La mise en sécurité des îles au large du Japon

Suga Yoshihide a également souhaité que les deux pays continuent et renforcent leur coopération pour la politique de « l’Océan Indo-pacifique libre et ouvert ». Une stratégie proposée par le Japon pour contrer l’expansion chinoise, à laquelle participent également les Etats-Unis, l’Australie et l’Inde, tous membres du Dialogue de Sécurité Quadrilatérale (Quad). Joe Biden, lui, a affirmé que les Etats-Unis s’engageront pour la défense des îles Senkaku, un petit archipel sous contrôle japonais et au cœur de la tension avec la Chine voisine. Ainsi, le futur locataire de la Maison Blanche confirme l’application de l’Article 5 du traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les Etats-Unis et le Japon, fondement de l’alliance entre les deux Etats, sur ces îles revendiquées par la Chine.

Suga et Biden se sont également mis d’accord pour une coopération nippo-américaine étroite face aux défis majeurs internationaux, tels que le combat contre la crise sanitaire de la Covid-19 ou encore le changement climatique. Le chef du gouvernement japonais a également demandé le soutien des Etats-Unis pour rapatrier les 12 Japonais kidnappés par la Corée du Nord entre 1977 et 1983.


Si Joe Biden semble vouloir rassurer son allié par la succession de la politique sécuritaire de Donald Trump en Asie, le Japon, lui, reste suspicieux, prenant compte du faible engagement de l’administration Obama (2008-2016) pour le maintien de la stabilité dans la région indo-pacifique.

La politique sécuritaire de Donald Trump, un souffle pour l’Archipel

L’élection de Donald Trump en novembre 2016 avait suscité l’inquiétude côté japonais dans un premier temps. Abe Shinzo, Premier ministre de 2012 à 2020, s’était alors rendu à New York pour rencontrer le président élu, le 17 novembre 2016, seulement une semaine après sa victoire face à Hillary Clinton.

Abe Shinzo et Donald Trump, le 17 novembre 2016 à New York (source : BBC)

Depuis, Abe et Trump se sont entretenus 33 fois par téléphone en moins de quatre ans, contre 10 sommets téléphoniques nippo-américains entre 2012 et 2016, sous l’administration Obama. L’ex-Premier ministre japonais et le 45e président des Etats-Unis se sont également rencontrés 13 fois en trois ans et demi, contre 9 fois en quatre ans durant le second mandat de Barack Obama. Une relation personnelle des deux hommes, qui semble avoir contribué au renforcement des relations bilatérales depuis 2017.

Au début de son mandat, Donald Trump menaçait de retirer les troupes américaines stationnées sur le sol nippon. Il réclamait une plus grande contribution financière et matérielle de la part du Japon en matière de la coopération nippo-américaine, pour la défense. Toutefois, le président américain avait réagi avec fermeté aux menaces nord-coréenne et chinoise dans la région, déployant deux à trois portes-avions en période de forte tension. Cette décision rare hors période de guerre, dénotait de celle de son prédécesseur, Barack Obama.

Entre 2015 et 2016, Pékin avait accéléré la construction d’îlots artificiels dans les îles Spratleys, en mer de Chine méridionale. La Chine, qui revendique des droits sur la quasi-totalité de cette mer, menaçant le ravitaillement indispensable des ressources d’hydrocarbures depuis le Moyen-Orient vers le Japon. L’administration Obama avait réagi en déployant des navires à moins de 12 milles nautiques de ses îles artificielles. Une menace sans sanctions économiques, qui s’est avérée inefficace et insuffisante ces dernières années. Le renforcement de la présence états-unienne sous l’administration Trump, après l’échec de Barack Obama, semble avoir contribué à la stabilisation dans l’Extrême-Orient.

Le Japon reste fortement dépendant de Washington en matière de défense 75 ans après la défaite dans la guerre du Pacifique face aux Etats-Unis. L’Article 9 de la Constitution, en vigueur depuis 1947, dispose que « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation. »

Un navire américain en opération en mer de Chine méridionale (source : Reuters)

Sources : Jji Press, Yomiuri Shinbun, NHK

Rédacteur : Elie Guidi

Secrétaire de rédaction : Louise-Anne Delaune

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