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Photo du rédacteurElie Guidi

Tokyo et Séoul face à la dégradation constante de leurs relations

Les relations nippo-sud-coréennes, déjà dégradées, ne s’améliorent toujours pas, depuis que l’administration Moon Jae-in a pris la décision, l’été dernier, de remettre en cause un accord bilatéral de 2015 censé mettre un terme à un différend diplomatique et historique pesant depuis des décennies sur leurs relations.


Comme le souligne Les Echos du mercredi 9 janvier, rien ne va plus entre le Japon et la Corée du Sud. A la suite de la demande des avocats de quatre plaignants sud-coréens, un tribunal a autorisé la saisie des intérêts financiers en Corée du Sud du géant japonais de l’acier Nippon Steel & Sumitomo Metal (NSSM).


La Cour suprême sud-coréenne avait ordonné à NSSM, en octobre dernier, de dédommager des citoyens coréens pour les années de travail forcé durant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, au Japon, les firmes incriminées et le gouvernement refusent tout paiement en affirmant que le problème avait été réglé par le traité de normalisation des liens entre Tokyo et Séoul de 1965.


En parallèle, un coup de froid supplémentaire envenime les relations nippo-sud-coréennes déjà à mal.


Depuis fin de l'année 2018, Tokyo et Séoul s’accusent mutuellement de provocations à la suite d’un incident maritime en mer du Japon remontant au 20 décembre. Ce jour-là, le destroyer Gwanggaeto-le-Grand de la marine sud-coréenne a verrouillé son radar de contrôle de tir sur un avion de patrouille maritime Kawasaki P-1 des Forces d’autodéfense japonaises. Tokyo qualifie ce comportement de « menaçant », tandis que Séoul exige des excuses pour ce survol « dangereux ».

Kawasaki P-1, avion de patrouille maritime des Forces d'autodéfenses japonaises

L’affaire a pris une tournure spectaculaire avec la diffusion publique par le Japon d’une vidéo tournée par l’équipage de l’aéronef, censée étayer la version nippone de l’incident. Certains analystes japonais et sud-coréens perçoivent ceci comme une exploitation à des fins politiques de l’incident maritime par le gouvernement de Shinzo Abe dont la cote de popularité baissait en cette fin d’année 2018. Tokyo garde un souvenir amer de l’incident maritime de septembre 2010, lorsque le gouvernement, à l’époque dirigé par le Parti démocrate (2009-2012), avait – en dépit d'une forte demande de l’opposition et de l’opinion publique – refusé de diffuser la vidéo illustrant la collision de bateaux japonais et chinois. Un officier japonais des Gardes Côtes la divulgua finalement le 4 novembre 2010, faisant chuter la cote de popularité du Premier Ministre Naoto Kan.


Niant les accusations de Tokyo tout qualifiant le contenu de la vidéo japonaise de « trompeur », la Corée du Sud a pour sa défense publié une vidéo le vendredi 4 janvier. Cependant, celle-ci est également devenue la cible de critiques : elle ne démontre pas que le verrouillage du radar de contrôle de tir du destroyer n’a pas eu lieu, et sur une durée totale de 4 minutes et 26 secondes, seules 11 secondes sont consacrées à la version sud-coréenne de l’incident, une durée que les analystes jugent insuffisante pour prouver que l'avion patrouilleur japonais effectuait un survol dangereux.



Sources : Les Echos, Jiji Press, Mainichi-Shimbun, Asahi-TV, Le Monde

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