Un sommet nippo-russe s’est tenu le mercredi 14 novembre à Singapour, confirmant la volonté des deux États à surmonter le différend relatif aux Territoires du Nord et signer enfin un traité de paix.
Shinzo Abe et Vladimir Poutine ont convenu mercredi d’accélérer les négociations basées sur la Déclaration commune soviéto-japonaise de 1956, dans laquelle l’Union soviétique avait confirmé qu'elle transfèrerait au Japon la souveraineté sur les deux plus petites îles des Territoires du Nord (Kouriles du Sud, en Russie) après la conclusion d’un traité de paix mettant officiellement fin à l'état de guerre entre les deux pays. Mais Tokyo essaye à tout prix d’éviter « des négociations inconditionnelles » comme l’a proposé le président russe à Vladivostok en septembre, et par conséquent, pourrait être en amené à réviser sa position sur le contentieux territorial qui hante les relations avec Moscou depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cherchant à consolider son héritage diplomatique, et à resserrer ses liens avec la Russie afin de contrer la montée en puissance de la Chine, le Premier ministre japonais s’est engagé à régler le différend concernant les quatre îles du Pacifique nord-occidental successivement occupées par les troupes soviétiques les 28 août et 5 septembre 1945, après que le Japon eut accepté la déclaration de Potsdam le 14 août de la même année.
Tout accord impliquant un transfert de souveraineté à Tokyo revient à déterminer si le Traité de sécurité entre les États-Unis et le Japon -- qui est au cœur de la diplomatie japonaise -- s’applique, ce qui donnerait droit à Washington d’installer des bases militaires sur les Kouriles du Sud. Pour la Russie, ces îles ont une valeur stratégique puisqu'elle lui assure un accès au Pacifique occidental. Selon Asahi-Shinbun, Shinzo Abe aurait déclaré à Vladimir Poutine que les États-Unis n’envisagent pas d'établir des bases militaires sur ces deux îles si elles étaient livrées au Japon.
Mais le quotidien japonais ajoute également que le principal conseiller du Premier ministre japonais en matière de sécurité avait précédemment déclaré que l’installation de telles bases après le transfert de souveraineté était possible. Le secrétaire général du Cabinet, Yoshihide Suga, quant à lui, a refusé de commenter cet article.
Le Japon insistait depuis longtemps pour que sa souveraineté sur l’intégralité des quatre îles soit confirmée avant la signature d’un traité de paix. Cependant, ces dernières années, certains signes indiquaient que Tokyo était en train de réviser sa position. Celle-ci, synthétisable sous la forme « deux plus alpha », met l’accent sur le transfert de souveraineté de deux petites îles, et la mise en place d'un accès sans visa aux îles restantes, plus grandes, où Tokyo et Moscou pourraient développer des projets économiques conjoints.
Shinzo Abe qui devrait rencontrer Vladimir Poutine à nouveau lors du sommet du Groupe des 20 (G20) à Buenos Aires (Argentine) à partir du 30 novembre et en Russie au début de l’année prochaine, a déclaré qu’il était résolu à régler le différend avant de quitter ses fonctions en 2021. Mais le Président russe semble être moins enthousiaste : après le sommet nippo-russe du 14 novembre, l’agence de presse russe Tass a déclaré que les pourparlers basés sur la déclaration de 1956 « exigent certainement une analyse distincte, supplémentaire et approfondie, étant donné que tout n’est pas clair dans cette Déclaration ».
Sources : Jiji Press, Mainichi-Shinbun, Asahi-Shinbun, Reuters, FNN
Comments