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Photo du rédacteurElie Guidi

Culture : Amabié, une créature surnaturelle prophétisant une épidémie

Cheveux longs, bec d’oiseau, trois pattes et un torse recouvert d’écailles, telle est « Amabié », une créature fictive et surnaturelle (yôkai) qui s’est récemment popularisée dans l’ensemble de l’archipel à travers Twitter. A tel point que le ministère japonais de la Santé l’a repris dans le cadre de sa campagne de prévention du COVID-19.


(source : bibliothèque de l'Université de Kyoto)
Ancienne illustration d'Amabié (source : bibliothèque de l'Université de Kyoto)

« A partir de cette année et pendant six ans, dans toutes les provinces, les récoltes seront bonnes, mais une épidémie frappera également. Montrez mon image aux malades ». Selon la légende, tel serait le message laissé en 1846 par Amabié, yôkai « vivant en pleine mer », à un fonctionnaire de ce qui constitue l’actuel département de Kumamoto (sud-ouest de Kyûshû). Depuis le début de la crise sanitaire, cette créature surnaturelle du folklore nippon est de retour, mais cette fois-ci, sur les réseaux sociaux.

"Parce qu'elle se poursuit à notre insu. Arrêtons la propagation du COVID-19". Affiche de la campagne de prévention du ministère de la Santé sur Twitter (source : Jiji Press)

Tout a commencé le 27 février dernier par la publication, à l’initiative d’un magasin spécialisé dans les rouleaux suspendus de yôkai, d’une illustration d’Amabié sensée protéger contre la propagation du virus. Le mouvement a ensuite pris de l’ampleur, notamment grâce aux dessinateurs de manga. Enfin le 13 avril, le ministère japonais de la Santé l’a hissé au rang de mascotte pour sa campagne sur Twitter visant à alerter la population quant aux risques du COVID-19.


Des objets et des sucreries en forme d’Amabié


Les bonbons vendus à Tokyo (source : Mainichi Shinbun)

La diffusion d’Amabié ne se limite pas aux seuls réseaux sociaux. En effet, ce yôkai est aussi parti à la conquête du marché japonais frappé par une baisse considérable de consommation.


Une pâtisserie traditionnelle de la ville de Hakodate, à Hokkaido (nord du Japon), a mis en vente des wagashi (sucreries traditionnelles) en forme d’Amabié. A Tokyo, ce sont environ 10.000 sachets de bonbons avec des motifs similaires qui se sont vendus depuis la mi-avril. De plus, le yôkai figure désormais sur des bouteilles de saké produit à Tokushima (est de Shikoku), sur des ustensiles d’Iwate (nord-est), ainsi que sur des tuiles d’Ehime (sud-ouest).


Une simple erreur de copie à l’origine de la légende


Cependant, selon des chercheurs du folklore japonais, Amabié résulterait d’une simple erreur de copie. En effet, « Amabiko », un yôkai similaire prophétisant l’épidémie, serait mentionné en 1844 dans la région de Niigata (nord-est de Honshû). Les chercheurs en concluent qu’Amabiko serait plus conforme pour accompagner la campagne de prévention du COVID-19, parce que ce yôkai prescrit l’affichage de son portrait pour se prémunir contre la maladie ou la mort, contrairement à Amabié qui ne fait que prophétiser l’arrivée d’une épidémie.


Pour certains chercheurs et historiens, la réémergence du culte de ce yôkai témoigne du fait que les créatures surnaturelles occupent toujours une place importante dans la mentalité nippone comme le souligne l’agence de presse Jiji.



Sources : Nihon Keizai Shinbun, Asahi Shinbun, Mainichi Shinbun, Jiji press, Nagano Broadcasting Systems

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