Suivant la décision de son allié américain, et en vue de se prémunir contre la fuite d'information et les cyberattaques, le Japon s’apprêterait à interdire aux équipementiers chinois Huawei et ZTE de participer aux appels d’offres publics.
Soupçonnés d’une trop grande proximité avec le régime communiste de Pékin, les deux grands équipementiers chinois et les liens qu'ils entretiennent avec leur gouvernement font l’objet d’un examen minutieux de la part de Washington et de ses alliés les plus influents, la préoccupation étant qu'ils pourraient être utilisés par Pékin à des fins d’espionnage. Selon Yomiuri Shinbun, l’exécutif japonais va très prochainement revoir le règlement de ses appels d'offres pour pouvoir écarter les candidats suspectés d’entretenir des liens trop étroits avec le gouvernement chinois.
Le porte-parole de l’exécutif, Yoshihide Suga, a refusé de confirmer clairement cette décision mais a reconnu que le Japon entretenait une étroite collaboration avec les États-Unis en matière de cybersécurité. « La cybersécurité constitue un enjeu important pour le Japon. Et nous allons prendre des mesures fermes de différents ordres à ce sujet », a-t-il précisé.
Si les mesures contre Huawei et ZTE étaient officiellement confirmées par Tokyo, elles s’inscriraient dans la lignée des restrictions déjà mises en place par plusieurs nations alliées de Washington, première capitale à s’en prendre aux équipementiers chinois suite aux mises en garde de ses agences de renseignement. Ces dernières estiment que le matériel de Huawei pourrait contenir des portes d'accès cachées permettant une utilisation frauduleuse par les services d’espionnage chinois. Face à ces critiques, Huawei a répété à maintes reprises que Pékin n’avait aucune influence sur la firme.
D’après Reuters, le gouvernement japonais ne semble pas avoir l’intention de nommément écarter Huawei et ZTE dans la révision des appels d’offres publics afin de disqualifier automatiquement les deux géants chinois, mais mettra en place des mesures visant à renforcer la sécurité des entreprises japonaises. Huawei et ZTE se sont imposés parmi les plus grands équipementiers de la planète et ont déjà déployé les réseaux de plusieurs opérateurs privés au Japon. Huawei équipe NTT Docomo et AU by KDDI. SoftBank a également noué de longue date des relations avec Huawei – qui est devenue en 2011 la première entreprise chinoise à rejoindre le lobby conservateur Keidanren (Fédération des organisations économiques japonaises), et qui a même été associée à des tests sur la 5G. Il est encore difficile de savoir dans quelle mesure la décision du gouvernement japonais pèsera sur les futures commandes des opérateurs privés, notamment dans leur transition vers la 5G.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a exprimé sa « grave préoccupation » à propos de ces informations. « L’essence de la coopération économique et commerciale entre la Chine et le Japon est un avantage mutuel gagnant-gagnant, et les deux sociétés opèrent légalement au Japon depuis longtemps », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse quotidienne à Pékin. Il a ajouté ensuite : « Nous espérons que la partie japonaise saura garantir une concurrence loyale aux entreprises chinoises opérant au Japon, ne nuisant ni à la coopération bilatérale, ni à la confiance mutuelle ».
Pointant ce risque d’ingérence de la Chine dans leurs infrastructures de communications, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont demandé, en août dernier, à leurs opérateurs télécoms de ne pas utiliser de matériel Huawei dans les nouveaux réseaux de téléphone mobile 5G. La semaine dernière, l’opérateur britannique BT Group a, à son tour, révélé qu’il allait débarrasser ses réseaux existants de tout équipement Huawei, et qu’il n’achèterait pas de matériel à son ancien fournisseur chinois pour son futur réseau 5G.
Sources : Yomiuri Shinbun, Les Echos, Reuters
Comments