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Photo du rédacteurElie Guidi

Centrale Tokai Daini : reprise autorisée des opérations

La Commission de réglementation de l’énergie nucléaire du Japon a approuvé mercredi 7 novembre la prolongation des opérations d’un réacteur nucléaire vieux de quarante ans, situé près de Tokyo et endommagé lors du séisme et du tsunami de 2011.


A 115km au nord-est du centre de Tokyo, Tokai Daini est le réacteur le plus proche de la capitale. Ce mercredi 7 novembre, l’Autorité de régulation nucléaire a donné son feu vert à une prolongation des opérations pour une durée de vingt ans. Cette approbation profitera à l’opérateur Japan Atomic Power Co (JAPC) appartenant aux principales compagnies d’électricité du pays, mais mis à mal par la fermeture de ses deux centrales nucléaires (Tokai Daini, et Tsuruga, dans la préfecture de Fukushima). Cependant, cette décision risque d’être controversée : le réacteur de Tokai Daini est du même modèle que ceux gravement endommagés par fusion nucléaire lors de la crise de Fukushima en 2011, et il est le premier réacteur à eau bouillante dont le redémarrage est approuvé.


Près d’un million de personnes vit dans un rayon de 30km autour de Tokai Daini. Toru Umino, maire de la ville voisine de Naka, s’est adressé le 24 octobre au groupe contestant la reprise des opérations : « Il est impossible d’évacuer un tel nombre de personnes en une seule fois, et peu importe le temps consacré, on ne peut pas établir un tel plan d’évacuation ». M. Umino a été l’une des personnes publiques opposées à la prolongation des opérations de la centrale nucléaire. Naka est l’une des cinq municipalités situées à proximité du village de Tokai, qui sont liées par accord avec JAPC, aux termes duquel elles doivent être consultées avant tout redémarrage, sans toutefois bénéficier d'un droit de veto.


Tokai abrite également des installations de recherche atomique, et fut le théâtre d’une crise nucléaire en 1999, lorsque des ouvriers d’une usine de traitement, indépendante de la centrale de JAPC, ont manipulé de l’uranium dans un simple seau. Deux de ces ouvriers sont décédés et, suite aux fuites radioactives, 300 000 personnes furent invitées à ne pas sortir à l'extérieure pendant une trentaine d'heures. A l’époque, cet évènement fut considéré comme le pire incident nucléaire au monde depuis Tchernobyl en 1986. Le 11 mars 2011, Tokai Daini était en activité lorsqu’un puissant tremblement de terre a frappé la côte nord-est du Japon. Le séisme a provoqué un gigantesque tsunami qui a submergé la centrale Fukushima Daiichi de Tokyo Electric Power (TEPCO) à 224km au nord de Tokyo, entraînant explosions et effondrements dans trois réacteurs. L’usine de Tokai Daini quant à elle s'arrêta automatiquement mais subit malgré tout des dégâts selon JAPC.


Localement, l’opposition à la prolongation des opérations de l’usine de Tokai a été forte, selon les médias japonais, bien que les résidents donnent rarement leur point de vue. « Il est très difficile d’exprimer son opinion ici », a déclaré Mme. Alison Watts, une Australienne qui travaille comme traductrice et vit à Tokai depuis 25 ans. Mme. Watts a déclaré qu’elle était opposée au redémarrage non seulement en raison de la similitude de conception des réacteurs avec ceux de Fukushima, mais également à cause de l'éventualité non négligeable de très forts séismes.


Selon Reuters, un porte-parole de JAPC a déclaré que l’opérateur nucléaire construira un mur de protection contre les tsunamis. Il est aussi tenu d’achever l'amélioration des mesures de sécurité à Tokai Daini, et devra également obtenir l’approbation de Tokai et des autorités préfectorales avant de pouvoir reprendre ses activités. Le redémarrage de la centrale n’est pas envisageable avant 2020.


Toutefois, alors que la prolongation des opérations à Tokai Daini devrait stimuler la résurgence de l’industrie nucléaire japonaise, l’objectif gouvernemental -- au minimum 20% de la production nationale d'électricité d’ici 2030 devrait être d'origine nucléaire -- semble bien loin. A ce jour, neuf réacteurs à eau sous pression, éloignés de Tokyo, ont redémarré, tandis que le stigmate de Fukushima pèse toujours sur l’utilisation de l’ancienne technologie de réacteur à eau bouillante.



Sources : Yomiuri-Shinbun, Reuters, Kyodo-News, Ibaraki-Shinbun, FNN

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